Robe de bal aux Etoiles vers 1896

Voici donc mon nouveau projet costume qui était un peu imprévu et s’est décidé en moins d’une semaine ! J’ai eu le plaisir de participer à nouveau à un grand bal de l’association Carnets de Bals à nouveau sur ma chère Seine Parisienne ! Le premier bal du genre était en 2012 et j’y ai porté une création 1912 que vous pouvez retrouver ICI : Robe de Bal 1912. 

1- Histoire du costume à cette période.

Cette fois ci, la période désignée sont les années 1890’s- 1900s. J’ai déjà quelques projets à mon actifs de cette période dont je vous parlerais bientôt sur le blog et j’adore explorer plus encore ! Cette fin de siècle est particulière et la Belle Epoque commence à peine, les formes se dessinent et s’entrecroisent pour donner des résultats inattendus.

Je me suis inspirée pour  ce projet d’une coupe magnifique et relativement rare de cette époque : La ligne princesse . Difficile de trouver des illustrations de cette coupe tant elle était peu utilisée.  Cette coupe qui consiste à assembler plusieurs panneaux de tissus ensembles sans ligne de démarcation à la taille, s’est popularisée quelques années après. La coupe donc dite princesse est assez rare pour son époque mais j’ai réussi à trouver néanmoins quelques illustrations pour l’ancrer dans l’histoire de la mode. On attribue la paternité de cette coupe  si élégante à Worth lui même qui l’introduit dans les années 1870 en hommage à la la Princesse Alexandra du Danemark. Future reine consort d’Angleterre, la princesse est alors célèbre pour sa silhouette longiligne et bien entretenue par des activités sportives . La popularité de la coupe princesse grandit si bien que  les années à venir 1900/1910 seront friandes de cette méthode de coupe. Il est vrai ces robes très fluides et épurées détonnent par une élégante sobriété alors que la période historique raffole pour les robes de bal féminines de frou-frou, de dentelles, de larges manches etc…La jupe reste cependant plus sobre et cette tendance a marquée profondément les années 1890.

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Cette superbe tenue d’apparat  datant de 1896 toute d’or et de pierres brodées a été portée par la reine Marie de Roumanie lors du couronnement du tsar Nicolas II de Russie en 1896. Je soupçonne la robe d’être une création de Worth par la présence des nœuds ( emblèmes de la maison) .La coupe est relativement en avance sur les modes de l’époque encore dotées des jupes évasées et grandes manches papillons.

Robe du soir par Worth vers 1895. L'utilisation du velours pour le couturier était prétexte à une extrême épuration de la silhouette.

Robe du soir par Worth vers 1895. L’utilisation du velours pour le couturier était prétexte à une extrême épuration de la silhouette.

Robe conservée au MET de création française vers 1898. Je soupçonne la couturière de s'être inspirés des lys de Mme Greffulhe pour composer ce magnifique motif brodés

Robe de création française vers 1898. MET Museum

Quelques iconographies de la tendance générale en 1894/1898 :

Portrait de la Countess de Santiago ,Joaquin Sorolla 1894 / Robe de Bal par Worth, 1895 / Paris Opera Toilette Harper’s Bazar, 1894 / Robe de bal par Worth encore dont les créations ont dominées ces années là 1897, MET museum

Cette silhouette « à la sirène » (serrée aux hanches et évasée aux pieds) va s’épanouir dans les années 1900-1905 .Les lignes vont se faire plus sinueuses, la dentelle va orner les corsages et les jupes à profusion dans un bouillonné impalpable notamment dans les dessous. La chevelure est remontée sur la tête avec un gros chignon : la coiffure à «  la Pompadour » fait fureur  aussi bien que la « coiffure Gibson ». Charles Dana Gibson a dessiné des femmes à la beauté sculpturale, qui sont à la dernière mode avec une tendance à la sobriété chic. La «  Gibson girl » est une femme épanouie, fatale quelque fois et  porteuse d’un idéal féminin pour cette époque. A noter que comme toute tendance, cette ligne eut des adeptes et des adaptions ! De nombreuses créations ont explorées cette coupe l’épurant plus ou moins de dentelles et autres falbalas.

Camille Cliford, actrcie incarannt à la perfection la Gibson girl vrs 1902/ Le coup de foudre par C.D Gibson 1904/ Le rendez vous, C.D Gibson, 1903- The Gibson girl, C.D Gibson 1902

Camille Cliford, actrice incarnant à la perfection la Gibson girl,  vers 1902/ Le coup de foudre par C.D Gibson 1904/ Le rendez vous, C.D Gibson, 1903/ The Gibson girl, C.D Gibson 1902

La ligne principale des robes de 1897 est donc à cheval entre les silhouettes « en cloches  » des années 1890 et les futures lignes douces et sinueuses Art Nouveau des années 1900-1905. Il s’agit donc de cette période de transition où les formes se croisent et se rencontrent pour créer de nouvelles lignes : on expérimente beaucoup !

2- Mon projet personnel

Fidèle à mon habitude de costumière créatrice mais aussi très à cheval sur l’historicité de ma tenue, j’ai choisi de rendre hommage au travail de Worth en utilisant deux éléments symboliques qu’il a popularisé : la ligne princesse et le motif d’étoiles. Ma robe finale est donc à mi chemin entre de la création et une reproduction historique pure. Compte tenu des éléments présentés, j’ose prétendre que Worth aurait pu avoir les mêmes idées !

Paris sera toujours Paris ! <3 Merveilleux point de vue devant la Tour Eiffel

La ligne princesse qui va si bien aux femmes et particulièrement aux courbes généreuses comme c’est mon cas, donne un résultat vraiment exceptionnel ! Plus, la robe est très très confortable car je n’ai senti sur les hanches que la présence du corset ! J’ai obtenu cette coupe par un moulage directement sur mannequin à mes mesures et en m’inspirant des formes de l’époque. Ma tenue tend vraiment vers les années 1900 mais je me suis focalisée sur ces rares premiers modèles de 1897 qui ont mis à la mode cette coupe si particulière !

La robe est en taffetas de soie doublé d’un coton de même couleur et baleinée essentiellement aux coutures. La robe est dotée d’une balayeuse à volants sur mesure et détachable pour ne pas salir le dessous de traîne ce qui est bien commode dans des événements rassemblant beaucoup de monde et soulevant beaucoup de poussière ! Les manches ont été un vrai casse tête à établir car il en existe un million de variété différentes pour cette période ! Je me suis donc munie de ma très belle dentelle à motifs floraux que j’ai agrémenté d’un véritable organza de soir ancien monté en noeuds d’épaules ( aussi en vogue à cette période).

Comme point de départ et d’inspiration, j’ai trouvé de nombreuses robes à motifs étoilées crées par Worth. Il s’avère que ces étoiles ont été directement tissées et non appliquées. Il existe plusieurs robes de bal avec le même motif et nulle doute que d’autres créateurs ont su utiliser à bon escient ce motif.

En ce qui me concerne, pour conserver l’authenticité de mon costume, je me suis mise en chasse d’étoile à 8 branches ayant exactement les mêmes proportions que celles tissées par Worth. Ce sont donc des appliqués à chaud disposés selon un patron pré-établi par moi même et suivant les lignes sinueuses de la coupe princesse.

Déploiement maximal de la traîne. La balayeuse fixée dessous pour protéger la robe aide à entraîner le poids à l’arrière ;)

Concernant les dessous, j’ai choisi le parti pris du 100% historiques. Initialement prévus pour un autre grand projet de création 1900’s qui a du être recalé, j’ai décidé de les utiliser pour ce projet ci. Mes deux jupons portés superposés ont été crées sur la base d’un véritable jupon ancien des années 1890 qui fait parti de ma collection. Ce que j’adore dans les dessous de cette époque c’est l’abondance des dentelles, frou-frou, rubans etc… qui vous font sentir vraiment féminine. Il m’a fallu pas moins de 30 mètres d’une superbe reproduction de dentelle de Valenciennes pour achever les deux jupons nécessaires à la création de la silhouette correcte, c’est à dire évasées au niveau des chevilles et serrée aux hanches.

Ajoutez à cela un adorable corset en soie rose avec ses lignes de soutien sous la poitrine et ses finitions de broderies dîtes « abeilles » ou « éventail » pour protéger le corset de l’usure des baleines. Le busc frontal » en cuillère » est caractéristique de la fin du XIXème siècle. Cette pièce permet d’ouvrir le corset par le devant afin de s’habiller seule. La busc cuillère dont la forme basse est plus large permet d’appuyer sur le ventre et obtenir une silhouette différente des années 1850/1860 où l’on utilisait alors des busc droits.

Je n’ai pas encore eu le temps de les prendre en photos mais patience, c’est pour bientôt !

Détails de mon corset 1890 en soie rose : Broderies en éventails et travail de renfort de poitrine.

Sur le quai avant le départ

Et pour accompagner ma tenue, quoi de mieux pour rester dans le thème étoilé que mes bijoux Parures de Lumières inspirés du même thème ! En plus des boucles d’oreilles et pendentif disponibles à la vente, j’ai crée un diadème aux étoiles entièrement monté à la main essentiellement par soudure. Ce type de diadème était très populaire dans les années 1880s-1890s car le motif sait mettre subliment la femme en valeur ! Le diadème sera prochainement à la vente sur le site de Parures de Lumières une fois que j’aurais peaufiné les derniers détails !

Voici quelques exemples de l’époque :

Princesse Béatrice, dernière fille de la reine Vctoria en 1885 pour son mariage / Ma reine toute belle, Maxima des Pays-Bas aussi lors de son mariage en 2002 portant la tiare étoile de la reine Emma des Pays-Bas  et datant de 1880 environ / Tiare vers 1890 avec étoiles détachables / Tiare aux étoiles vers 1898, Sothebys

Et voici ma création :

Bijoux : Parures de Lumières
Photo : Lux immortalis photography

Et pour terminer : quelques photos en situations du bal ! Souvenirs mémorables de cette très belle soirée où nous étions mêmes plusieurs à exploiter le thème étoilé pour nos costumes !

Carnet de Bals

 


Crédits Photos : Céline Perron d’Arc/ Carnet de Bals / Jord Mosselman /Lux immortalis

Sources/ Pour en savoir plus :

> Digital Gallery du Metropolitan Museum of New York

> Gallica ( BNF)

> Histoire de la mode et du costume par James Laver.

>Le Costume Français chez Flammarion, collection Tout l’Art

 

2 réflexions sur “Robe de bal aux Etoiles vers 1896

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